Au printemps, jardiner autrement grâce au biocontrôle

Chez les particuliers comme chez les agriculteurs, l’utilisation de produits de biocontrôle connaît un net essor ces dernières années. Céline Barthet, présidente de l’Association française des entreprises de produits de biocontrôle (IBMA France), décrypte les raisons de cette nouvelle vague verte sur le marché de la protection des végétaux.

Dans les jardins, sur les balcons, terrasses ou en intérieur, la végétalisation des foyers progresse à grands pas en France. Fruit d’une prise de conscience écologique et d’un engouement nouveau pour la nature, le regain d’intérêt des Français pour le jardinage s’est encore accéléré, notamment suite aux confinements successifs. L’an dernier, le marché a progressé d’environ 10 %, et même de 25 % pour les graines et semences, soit un bond équivalent à cinq années de croissance, selon une récente étude1. Mais cet élan de verdissement s’accompagne également d’une exigence accrue sur l’origine des végétaux et la nature des produits de protection.

Depuis le 1er janvier 2019, l’application de la loi Labbé a largement encouragé cette démarche en interdisant l’usage de pesticides conventionnels aux particuliers. Et, de fait, favorisé l’émergence du biocontrôle. Cette approche, déjà bien connue des professionnels, repose sur l’utilisation de solutions naturelles pour protéger les végétaux. « Le biocontrôle a la particularité de ne pas viser à éradiquer les populations de ravageurs ou d’adventices, mais plutôt de garder ces nuisibles sous des seuils acceptables afin d’avoir un impact minime», explique Céline Barthet, présidente d’IBMA France.

Une approche rentable, pas seulement sur le prix

Parmi les différents produits de biocontrôle, on distingue quatre catégories principales : les macro-organismes, contre certains parasites du jardin, à l’image des coccinelles, friandes de pucerons ; les substances naturelles d’origine animale, végétale ou minérale, comme le soufre qui contribue à protéger les cultures de certaines maladies ; les médiateurs chimiques, principalement des phéromones, qui peuvent inhiber la reproduction des nuisibles ; et les micro-organismes qui, comme certains champignons et bactéries, servent d’insecticides ou de fongicides naturels.

Sur ce dernier segment, qui connaît la plus forte croissance2, Agrauxine fait d’ailleurs figure de référence avec une large gamme de biosolutions dédiées à la production végétale. En 2015, l’entreprise a même créé son propre laboratoire de 10 000 m², le Plant Care Center, afin de développer des produits naturels toujours plus efficaces. Car la demande est en forte hausse. Entre 2018 et 2019, le marché global des produits de biocontrôle a augmenté de 8,5 % en France, selon IBMA France. Et cette progression se poursuit, catalysée par la nouvelle stratégie nationale de déploiement du biocontrôle3 rendue publique fin 2020. Sans oublier les nombreuses innovations qui arriveront prochainement sur le marché, assure Céline Barthet…

Le biocontrôle a la particularité de ne pas viser à éradiquer les populations de ravageurs ou d’adventices, mais plutôt de garder ces nuisibles sous des seuils acceptables afin d’avoir un impact minime
Céline Barthet
Présidente d’IBMA France

À l’échelle internationale, la croissance devrait ainsi permettre au biocontrôle d’atteindre près de 10 % de part de marché totale du secteur mondial de la protection des plantes d’ici 2025. La conséquence « d’une demande sociétale et d’une volonté politique » combinées à des prix « complètement compétitifs », souligne la présidente d’IBMA France…

Néanmoins, « tous les produits de biocontrôle ne viennent pas en substitution directe du conventionnel », nuance Céline Barthet. « Le biocontrôle n’est pas une fin en soi », explique-t-elle, mais le point de départ d’une approche différente du jardinage. Où il est question de repenser ses usages en associant des produits naturels à des techniques et méthodes respectueuses de l’environnement. « Tout comme l’être humain, une plante bien nourrie, sans carence, résistera mieux aux agressions », conclut-elle.

  1.  Ces 12 mois qui ont transformé le marché ; en ligne sur https://www.lesechos-etudes.fr/news/2021/04/27/ces-12-mois-qui-ont-transforme-le-marche-du-jardin/ 
  2.  Global Biocontrol Market Overview ; en ligne sur https://dunhamtrimmer.com/?page_id=58 
  3. Stratégie Nationale de déploiement du biocontrôle ; en ligne sur https://agriculture.gouv.fr/strategie-nationale-de-deploiement-du-biocontrole