Les postbiotiques : une clé manquante pour soutenir la santé intestinale ?

Les postbiotiques : une définition sujet à débat d’experts

Le terme « postbiotique » indique des composants issus des organismes vivants (biotique) après leur vie (post). La définition exacte des postbiotiques est depuis de nombreuses années au cœur d’un débat dans la communauté scientifique. L’Association Scientifique Internationale des Probiotiques et Prébiotiques (ISAPP), a publié en 2021 un consensus sur la définition des postbiotiques comme étant une « préparation de microorganismes inanimés et/ou leurs composants qui confère à son hôte un bénéfice de santé ».¹

Sur les Bacteria Days, symposium organisé par le Lesaffre Institute of Science & Technology, le Dr. Gabriel Vinderola – membre du conseil d’administration de l’ISAPP – a déclaré : « Le but de l’ISAPP était d’unifier tous les différents termes qui étaient auparavant utilisés pour définir les micro-organismes non viables. Le choix et la définition du terme « postbiotiques » vont nous permettre de faire avancer le domaine, de mieux le réguler et de fluidifier la communication autour du sujet ». Examinons donc de plus près les éléments clés de cette définition :

• Une préparation de micro-organismes inanimés :

Le mot « préparation » fait référence aux différentes méthodes de traitement et matrices utilisées dans l’inactivation des micro-organismes. Ces méthodes incluent l’utilisation de la chaleur, des produits chimiques, ou d’autres techniques. Le choix de la méthode d’inactivation peut influencer l’effet final du postbiotique.

• Micro-organismes inanimés et/ou leurs composants :

Le terme « micro-organisme » était délibérément utilisé par l’ISAPP car il inclut dans l’origine des postbiotiques tous les microbes, pas que les probiotiques comme ce fut le cas dans des définitions précédentes. Les postbiotiques peuvent donc aussi provenir de microbes non probiotiquse (eg. les micro-organisms dans un levain) tant que le composant final apporte un effet bénéfique à l’hôte.

Le mot « composants » comprend différents éléments du micro-organisme, comme des fragments cellulaires ou des métabolites, c’est-à-dire des substances produites ou utilisées par le micro-organisme au cours de ses processus métaboliques.

• Un bénéfice de santé :

Pour qu’un composant soit considéré comme postbiotique, il doit démontrer sa capacité à conférer des bénéfices à la santé de l’hôte.

Un couteau suisse microscopique

Les postbiotiques peuvent agir individuellement ou en combinaison pour accomplir différents rôles au sein de l’organisme de leur hôte. Voici leurs modes d’action principaux¹ :

• Ils modulent les microbiotes de l’hôte, c’est-à-dire qu’ils aident à maintenir l’équilibre des bonnes bactéries dans l’intestin. Par exemple, grâce à leur activité antimicrobienne, ils peuvent favoriser un microbiote intestinal sain.
• Ils renforcent la barrière épithéliale, une barrière de cellules tapissant l’intestin qui joue le rôle d’un bouclier protecteur en empêchant les substances nocives de pénétrer dans l’organisme.
• Ils régulent le système immunitaire local en interagissant avec les cellules immunitaires afin de contrôler leurs réactions, ce qui permet alors de réduire les inflammations ou même les allergies.
• Ils influencent les processus métaboliques en contribuant à la régulation de certains processus tels que la gestion du glucose et des graisses. Cela peut aider à maintenir un bon équilibre énergétique et à prévenir certaines maladies métaboliques.
• Ils envoient des signaux à travers le système nerveux influençant donc positivement l’humeur et la capacité cognitive de l’hôte.

 

Un potentiel pluridisciplinaire : les applications des postbiotiques

Les différents rôles que peuvent jouer les postbiotiques leur offrent une grande polyvalence pour diverses applications dans le domaine de la santé, l’agriculture ou encore le bien-être animal.

Les postbiotiques ont fait leurs preuves dans le traitement et la gestion de plusieurs maladies comme les allergies, l’obésité, les troubles intestinaux.² Ils ont également émergé dans le monde de la cosmétique grâce à leur effet bénéfique sur le microbiote de la peau et leurs propriétés anti-inflammatoires.³ Les postbiotiques ont également permis la création de nouvelles catégories d’« aliments fonctionnels », c’est-à-dire des aliments qui, en plus de nourrir, apportent des bienfaits pour la santé. Les consommateurs pourront désormais profiter de produits laitiers adaptés aux intolérances, ainsi que des céréales ou même des boissons pouvant soulager des inflammations, des allergies ou des maladies chroniques.²

Les postbiotiques émergent comme des solutions d’origine naturelles et durables pour l’augmentation du rendement de l’agriculture en améliorant la qualité des sols, en encourageant la croissance et la résistance des plantes, et en limitant les maladies. Des résultats similaires se présentent chez les animaux : les postbiotiques ont démontré leur capacité à améliorer la digestion et l’absorption des nutriments chez le bétail. Ils pourront également remplacer les antibiotiques, offrant ainsi une solution naturelle aux agriculteurs face aux limitations d’usage des antibiotiques. ²

Ces différentes applications montrent l’immense potentiel des postbiotiques pour améliorer la santé humaine et animale, augmenter le rendement agricole et promouvoir le développement durable de plusieurs domaines.

Un éventuel complément aux probiotiques ?

La différence principale entre probiotiques et postbiotiques réside dans le fait que les probiotiques sont des micro-organismes vivants, alors que les postbiotiques sont les composants non-vivants des micro-organismes. Cette distinction est essentielle car elle peut affecter la stabilité, et donc l’utilisation de l’un ou de l’autre.

Les probiotiques doivent être maintenus dans des conditions nécessaires à leur survie, ce qui limite leur utilisation. En revanche, les postbiotiques, n’étant pas vivants, souvent nécessitent moins de limitations pendant la production, la conservation, ou l’utilisation du produit. Ceci ouvre la voie à une multitude de nouvelles applications, comme l’intégration des postbiotiques dans la production des croquettes pour animaux⁴ ou dans les produits cosmétiques à application cutanée.⁵

Un autre avantage propre aux postbiotiques est la possibilité de les obtenir à partir d’un nombre plus important de micro-organisme, pas uniquement à partir de probiotiques ou de micro-organismes validés pour l’alimentation.

Cependant, les postbiotiques ont certaines limitations par rapport aux probiotiques, notamment en ce qui concerne l’efficacité à long terme. Les postbiotiques, n’étant pas vivants, ne peuvent pas se reproduire et coloniser les flores intestinales de l’hôte. Ceci limite leur effet bénéfique à la période de consommation, contrairement aux probiotiques dont les effets peuvent se prolonger à long terme⁵. Le développement encore récent des postbiotiques signifie qu’il y a encore des défis à relever surtout au niveau de la production et la quantification. Les experts travaillent à standardiser les processus pour les rendre reproductibles et quantifiables en vue de leur commercialisation.

Nous avons donc vu ensemble les avancées majeures que représentent les postbiotiques dans différents domaines. Leur stabilité et leur large éventail d’applications en font une alternative naturelle et durable à plusieurs produits chimiques encore utilisés dans l’agriculture et la nutrition. Ils continuent également à faire leur marque dans le domaine de la santé humaine et animale avec des applications encore plus larges que celles des probiotiques. Bien que leur développement soit encore dans ses débuts, les postbiotiques ont un potentiel indéniable et leur présence dans nos produits du quotidien sera bientôt indispensable.

Le saviez-vous ?  Une production plus durable de poulets de chair avec un postbiotique, c’est possible !

Imaginez :  le marché mondial des poulets de chair atteindra 181 millions de tonnes en 2050 (+104 % vs 2010) ! L’un des défis les plus pressants dans la production de poulets de chair est son empreinte carbone conséquente. Aux Etats-Unis par exemple, la production d’aliments représente 74% de l’empreinte carbone, d’où la nécessité de stratégies nutritionnelles avant-gardistes pour améliorer la durabilité des élevages. A partir d’essais réalisés sur différents continents, la business unit Phileo by Lesaffre a mené un analyse du cycle de vie (ACV) sur le postbiotique Safmannan®, dérivé d’une souche de levure brevetée et reconnue pour améliorer les performance de production globales. Les résultats de l’ACV montrent que la supplémentation des aliments pour poulets de chair avec Safmannan® contribue à réduire l’empreinte carbone par kg de poulet de 8,4 %, l’utilisation de l’eau de 7,7 % et des sols de 8,7 %. Outre ce bénéfice durabilité sur la filière avicole, Safmannan® soutient la rentabilité pour les producteurs de volaille avec un retour sur investissement (ROI) positif jusqu’à 6 :1. Pour plus d’info sur les bénéfices de ce probiotique apprécié des volailles, n’hésitez pas à lire cet article.