Le micro-organisme Saccharomyces cerevisiae est un acteur bien connu de l’alimentation, et notamment de la panification. Loué pour son intervention dans le phénomène de la levée des pâtes à pain, ce champignon unicellulaire microscopique possède aussi de grandes qualités nutritionnelles qui font de lui un excellent complément alimentaire. Mais ses vertus, tout comme celles des autres levures, ne s’arrêtent pas là.
Présentes sur la peau et les muqueuses, ainsi que dans le tube digestif, les levures contribuent activement aux microbiotes1 locaux et stimulent le système immunitaire. « D’énormes progrès ont été réalisés ces dernières années dans la compréhension de la flore intestinale et de sa composition, explique le Pr Desreumaux. On sait désormais que la flore intestinale est constituée d’une véritable communauté microbienne, regroupant bactéries, levures et phages2. Et que l’équilibre entre ces différentes populations a un impact très important sur la résistance à la colonisation de certains agents pathogènes. »
Des levures opérantes pour prévenir les diarrhées infectieuses
Un cas d’usage intéressant où les levures sont opérantes, est celui des diarrhées infectieuses à Escherichia coli. « Les levures comme Saccharomyces boulardii, sont capables de se fixer sous forme sphérique autour de ces bactéries pathogènes et d’enrayer ainsi leur prolifération, souligne le gastro-entérologue. Les levures peuvent également tapisser directement les cellules épithéliales intestinales, bloquant ainsi toute cible d’attache des bactéries. » D’où une neutralisation des infections bactériennes à l’origine des diarrhées infectieuses.
Des levures efficaces pour traiter des mycoses vaginales et buccales
Mais les levures pourraient également venir à bout de certains agents pathogènes très résistants que sont les champignons.
Si le pathogène Candida albicans est un colonisateur bénin des surfaces muqueuses (dans la mesure où il en est l’hôte mais ne lui cause pas de dommage), il est responsable d’infections invasives superficielles, parfois mortelles. Parmi elles, la mycose vulvo-vaginale qui affecte 75 % des femmes en âge de procréer. Or, explique le Pr Desreumaux, « une équipe italienne à Perugia a démontré, dans une étude préclinique3, les vertus de l’utilisation de la levure inactive de Saccharomyces cerevisiae en ovules, en association avec un traitement oral » : s’en est suivie une diminution de la fréquence et de la durée des mycoses appelées plus spécifiquement candidoses. Des résultats similaires ont été observés avec des bains de bouche à la levure pour les candidoses buccales. Une aubaine pour les futurs patients, révèle le spécialiste, d’autant que « ce traitement à base de Saccharomyces cerevisiae est moins coûteux, plus efficace, et surtout plus respectueux de l’environnement par rapport à l’utilisation intempestive de médicaments. »
Des levures pour améliorer le confort digestif
Autre espoir : l’effet des probiotiques à base de Saccharomyces cerevisiae dans la diminution de la douleur et de l’inconfort intestinal. « Utilisé comme probiotique, le composé CNCM I-3856, sélectionné dans la collection de levures de Lesaffre, atténue les douleurs abdominales, et les ballonnements au bout de cinq jours », certifie le spécialiste. Son traitement, préconisé pour trois mois, permettrait de réhausser le seuil de douleur toléré par les patients. Un véritable antalgique naturel spécifique du tube digestif !
Cofondateur avec Lesaffre et Roquette de la fondation Digest Science, dédiée à la recherche et à la prise en charge des patients atteints de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin et de colopathies fonctionnelles, le Pr Desreumaux insiste sur la valeur ajoutée de partenaires comme Lesaffre qui « est un véritable mécène, prêt à soutenir financièrement des recherches dans l’intérêt des malades, et qui dispose de la plus grande librairie de levures au monde, et d’un accès incroyable à toutes les données scientifiques de ce secteur ».
De nouveaux champs d’application des levures
Spécialiste mondial de l’utilisation des levures en santé humaine, Lesaffre mène en effet une politique qui lui permet d’innover sans cesse et de découvrir chaque jour de nouvelles applications pour les levures. Et de nombreux secteurs restent encore à explorer ! Les plus probants, selon le Pr Desreumaux, se situent en dermatologie et en ophtalmologie, « pour des applications locales sous forme de gouttes ou de pommades, basées sur leurs propriétés antidouleur, anti-inflammatoire, cicatrisante, et antibactérienne ». Et le spécialiste en conclut : « Les effets thérapeutiques des levures en santé humaine pourraient être encore davantage décuplés et atteindre un effet optimal, en les associant avec d’autres micro-organismes, tels que les bactéries et les phages. À l’instar de ce qu’il se passe dans la Nature, et surtout dans le mystérieux écosystème de notre tube digestif ! »
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Microbiote ou flore intestinale humaine. C’est l’ensemble des micro-organismes du tractus digestif humain.
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Phages ou bactériophages. Ce sont des virus n’infectant que des bactéries, présents à l’état naturel dans l’environnement et dans notre corps.
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https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29380641
Les levures nutritionnelles, des alliées de choix pour préserver notre santé
Si la levure active permet de faire lever le pain, la levure nutritionnelle est une levure inactive, qui a été chauffée. Elle est obtenue à partir du micro-organisme Saccharomyces cerevisiae, cultivé sur de la mélasse de canne à sucre ou de betterave. « Les levures produisent de nombreuses vitamines qui contribuent au bon état général des phanères, et des oligoéléments (chrome, sélénium, silice ou magnésium) facilement absorbables. Certaines souches soigneusement sélectionnées sont en mesure de produire davantage de sélénium, de l’acide folique ou de la vitamine B, grâce au savoir-faire des levuriers dans la conduite du process et de la culture des micro-organismes, explique le Pr Desreumaux. Une bonne façon de corriger les carences nutritionnelles chez l’Homme ». Mais aussi de renforcer nos défenses naturelles et de combattre le stress oxydatif. Bien tolérées par les personnes âgées, les levures produisent également différents types de sucres, qui peuvent leur être bénéfiques. « Le troisième intérêt nutritionnel de ces levures est de donner un goût particulier aux aliments, énonce le Pr Desreumaux. À l’instar du goût de fromage, comme par exemple celui du bacon que l’on ressent dans certaines chips ». Ainsi, l’espèce de levure se verra sélectionnée en fonction du goût attendu. Vendues sous forme de poudres ou de flocons, les levures s’achètent désormais dans les boutiques de produits diététiques, les épiceries bio, mais aussi au rayon diététique des grandes surfaces.